top of page
Photo du rédacteurDamien GUILLAUME

Corona virus au Vatican : le pape contraint l’Église catholique au confinement

Dernière mise à jour : 4 août 2020






Il n’y aura donc pas d’hommes mariés ordonnés prêtres en Amazonie. Le pape actuel s’est assis sur la demande formulée par le synode des neuf pays amazoniens convoqué en octobre dernier, lequel proposait de faire face à la pénurie ecclésiastique de la région en ordonnant des « viri probati ».Il ne s’agissait pourtant que d’une simple adaptation de la discipline ecclésiastique et nullement d’un changement de la loi divine, comme nous l’avions rappelé en notant que, dès aujourd’hui, des prêtres catholiques (Gréco-catholiques ukrainiens, maronites, chaldéens, melkites, ex-anglicans et autres ruhténiens), sont déjà mariés.


Malgré les nombreuses exceptions, ce nouveau blocage sur le célibat ecclésiastique concerne toute l’Église catholique, en particulier en Allemagne, où le cardinal Reinhard Marx venait de lancer un grand débat sur la fin du célibat des prêtres, un débat clos par Rome sitôt ouvert.


Il n’y aura pas davantage de femmes ordonnées diacres, comme l’avait également souhaité le synode amazonien, les diacres étant habilités à prêcher, à baptiser, à célébrer les mariages et donc à même de suppléer à l’absence de prêtres. Le pape actuel est certes favorable à des services ecclésiaux assurés par les femmes, mais il leur refuse toute ordination, c’est-à-dire qu’il continue à exclure la moitié de l’humanité de l’accès au ministère.


François a choisi de préserver un honteux club masculin élitiste,maintenant dans un statut de seconde classe les femmes qui font une grande partie du travail sans reconnaissance, comme le déplore l’organisation Women’s Ordination Wordwide (WOW)

.

Il tourne le dos aux femmes, renchérit la « Women’s ordination conference », qui épingle les métaphores démodées réduisant les femmes à leur rôle d’épouses.


Il en est ainsi pour tous les grands défis ecclésiaux (voir Scandales, les défis de l’Église catholique).


Minutieusement, le pape actuel bloque et verrouille toutes les portes :

Débat sur l’accès aux sacrements des divorcés remariés ? L’exhortation apostolique Amoris Laetitia mentionne une notule sur l’accompagnement des prêtres, mais la loi canonique d’exclusion oblige toujours et le pape n’a rien changé à la discipline sacramentelle de Rome et à l’indissolubilité du mariage (alors que celle du sacrement de l’Ordre est couramment levée par le magistère).


Débat sur la thématique du gender ? C’est de la colonisation idéologique, balaye le pontife.


Débat sur la situation des personnes homosexuelles ? L’exhortation Amoris Laetitiane l’évoque nulle part, sinon pour rejeter toute perspective de mariage gay, le pape associant ingénument homosexualité et psychiatrie.


Débat sur la pédocriminalité cléricale couverte par la hiérarchie ? Mais le pape continue de se placer au-dessus de la justice des hommes, il couvre son ami le cardinal australien George Pell et il tergiverse sur l’avenir de son autre ami le cardinal Philippe Barbarin.


Débat sur le système financier du Vatican ? Après avoir promis d’en finir avec le blanchiment, le pape limoge les cinq membres du comité directeur de l’Autorité d’information financière (AIF) qu’il avait précisément mise en place pour surveiller les finances de l’Église et leurs liens mafieux.


Débat sur la gouvernance de l’Église ? Le C9 (collège de neuf cardinaux) a regroupé deux dicastères, c’est là toute la révolution du Saint-Siège, alors que le pape nomme un cardinal pour le dicastère en charge de la promotion des laïcs… Et qu’il se répand urbi et orbisur les vertus de la synodalité, sans jamais honorer aucun des vœux des synodes qu’il convoque, comme, en dernier lieu, ceux du synode amazonien. Et le pape vient maintenant de convoquer un nouveau synode pour l’automne 2022 sans même prendre la peine d’en annoncer la thématique !


Sur tous les sujets où le discrédit gagne et où la crise impose des changements profonds, Jorge Bergoglio contraint donc l’Église catholique au statu quo. C’est le confinement catho-catholique. Et le confinement plus que jamais clérical.


Or, le sacerdoce est en train de mourir, il meurt, il suffit de regarder les statistiques alarmantes publiées ici et là, constatait au siècle dernier le philosophe Jean Guitton, qui fut l’ami et le confident de papes qui, eux, avaient choisi de faire bouger l’Église (Le siècle qui s’annonce, Bartillat, 1997).


Cette stratégie du confinement est censée faire face aux multiples signaux d’un effondrement institutionnel en cours. Comme si c’était le monde qui diffusait le virus mortel ! Nous assistons aux ravages d’un corona virus, littéralement un virus de la couronne pontificale, un virus qui flambe par une chaîne de transmission communautaire, bloque toute avancée, à une époque où, selon la formule de Jean Guitton, tout change pour le bien et le meilleur. Tout change partout, hormis au sein de l’Église catholique.



Christian Delahaye est journaliste et auteur de deux ouvrages aux éditions Empreinte.


A lire également :






2 039 vues0 commentaire

Opmerkingen


bottom of page