Chères lectrices, chers lecteurs,
2019, c’est parti ! Au nom de toute l’équipe des Éditions Empreinte temps présent, permettez-moi de vous souhaiter une année heureuse et sereine. Quant à nous, depuis quelques jours déjà, nous sommes sur le pont pour vous apporter une nouvelle collection de livres, un nouveau site et un nouveau magasine littéraire en ligne :
, afin d’éclairer les mois qui viennent.
2019, en effet, s’annonce comme une année importante culturellement, tant au plan national qu’international.
En France, les élections européennes vont mobiliser beaucoup d’énergies, d’analyses et d’idées.
A court terme, le débat lancé par Turquie, l’heure de vérité d'Arianne Bonzon le 14 février et L’alliance contre nature - Quand la religion nourrit le populisme, de Christian Delahaye, est l’occasion de confronter des propositions politiques et philosophiques de tous ordres. Sur ces deux dossiers nous serons présents, au cours de deux conférences de nos auteurs, Ariane Bonzon, journaliste pour Arte TV et slate.fr et Christian Delahaye, journaliste au Quotidien du Médecin et Dr en Théologie, en compagnie du pasteur Samuel Amédro, éditorialiste de l’hebdomdaire Réforme, et de Sébastien Fath, Chercheur au CNRS : rendez-vous avec nos auteurs en janvier et février 2019 !
Quatre exposés sont prévus, à L’Écume des Pages, Bd Saint-Germain, à l’Eglise du Saint-Esprit, Pl. Saint-Augustin, à Paris, à Strasbourg...
Bien sûr, l’ensemble des questions qui vont mobiliser la société française : politique environnementale, climat, vie numérique, choix éthiques autour des sciences, inégalités, éducation, sont au cœur du site et des documentaires des EditionsEmpreinte, sous la direction du photographe Damien Guillaume… Nous sommes déjà à pied d’œuvre sur ces sujets.
Enfin, dans notre domaine de prédilection, les sciences des religions et la spiritualité, nous sommes bien décidés à faire toujours mieux pour éclairer les grands enjeux du temps, à travers notre nouvelle collection, L’art de la méditation : intelligence émotionnelle, espace d’éducation (2019 voit l’anniversaire de l’arrivée de l’homme sur la Lune !), nouvelles thérapies, écologie…
Merci encore pour votre confiance et votre fidélité et bonne lecture !
"Dans chaque commencement, il y a une magie" Hermann Hess*
David Gonzalez
* Chers étudiants, chères familles, par Jürgen Moltmann**
Vous êtes sur le point de terminer vos études, et le début d'une nouvelle vie s’ouvre à vous. Le temps de l'étude et - grâce à Dieu - des examens, est terminé : une vie libre vous attend. La vie en sécurité s'achève, votre vie deviendra risquée, mais ce sera votre propre aventure.
Je me souviens : il y a 65 ans, j'ai reçu mon premier diplôme, et j’attendais excité comme un cheval de course bien entraîné d’entrer dans l'hippodrome. Dans cette situation, entre la fin et le début, il est bon de s'arrêter une seconde et de se demander : quelle vie est-ce que je veux vraiment mener ? Notre vie ne consiste pas en un flux de temps régulier, mais encore et encore en une fin et un nouveau commencement - comme le disait T.S. Eliot : « À la fin est mon commencement ». Mais existe-t-il un nouveau départ ? C’est à propos de cela - de cette confiance, il y a un nouveau commencement qui t'attend si tu le cherches, que je veux te parler.
Assister à un nouveau départ est l'événement le plus excitant que nous puissions vivre dans la vie. « Dans chaque commencement, il y a une magie », écrivait le poète Hermann Hesse. « La magie » qui peut nous fasciner et nous inspirer, c’est bien sûr la promesse de la liberté. « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre», et dans ce « commencement », il y a une large place faite à la liberté, qui attend notre propre créativité. Nous correspondons au créateur du monde, le grand « débutant » de la vie, par excellence. Par conséquent, commencer quelque chose est aussi beau que l'aventure de la vie. Votre existence est pleine de sens.
Notre tâche est de commencer quelque chose de nouveau ; la tâche de Dieu est de compléter, de redresser et de guérir ce que nous, humains, avons commencé. Avec cette confiance, nous pouvons dépasser nos limites : « Pense grand ». Cet espoir nous permet de laisser derrière nous nos traditions et d’essayer de créer quelque chose de plus grand : c’est l’ouverture des portes !
Au début, notre vie devient vivante de l'intérieur. Mais c’est tellement triste, lorsque l’on ne sait pas commencer dans la vie, lorsqu’on ne sait que faire de sa propre vie. Tandis que si nos commencements échouent et se terminent en déceptions, nous n'abandonnons pas, nous recommençons. Si un enfant tombe, ce n'est pas grave : il apprend à se relever. C'est comme ça tout au long de la vie. Vous pouvez être déçu une centaine de fois par d'autres ou par vous-même, vous n'abandonnez pas ! Pour commencer quelque chose de nouveau, en effet, il n'est jamais trop tard. 'Dum spiro-spero' : Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir !
L'espoir contient le formidable pouvoir de laisser derrière lui ce qui est ancien et de commencer quelque chose de nouveau. « L'espoir ne meurt jamais » dit un dicton. Mais je ne suis pas sûr que toutes nos attentes dans la vie tendent à cela. Je crois plus à une « renaissance à une espérance vivante », parce que j’ai fait moi-même cette expérience quand j’avais votre âge, quand j'avais 18 ans et que ma vie commençait, tout a pris fin d’un coup : je suis devenu soldat dans l’armée de l’Allemagne mourante et en 1945, prisonnier de guerre… pour 3 ans.
J'ai marché le long des barbelés et je me suis senti abandonné par Dieu et tous les bons esprits. Puis j'ai eu une Bible entre les mains et j'ai trouvé dans les Psaumes de lamentation des mots pour ma misère. L'histoire de la passion du Christ m'a parlé et j'ai mis ma confiance en Christ ; et je suis devenu certain qu'il m'emmènerait à la résurrection et à la pleine vie.
La fin est devenue mon commencement, un changement auquel je ne m'attendais pas. Ce qui ressemblait à un destin sinistre, quand il a commencé, s'est transformé en une riche bénédiction imméritée. Je suis entré en prison avec une âme blessée, et quand j’en suis parti en 1948, mon âme était guérie. Depuis j’en suis convaincu : dans chaque « non » est caché un « oui » de Dieu. Dans chaque fin, il y a un nouveau commencement caché.
Mais de quoi est-ce le commencement ? Quand nous regardons vers Dieu, nous parlons du royaume de Dieu et de la justice de Dieu. Quand nous regardons les êtres humains et la terre dans laquelle nous vivons, nous parlons de la plénitude de la vie et de sa beauté vivante. Quand nous espérons le royaume et la plénitude de la vie, nous devenons éveillés et curieux. Nous ne nous endormons pas dans la routine de la vie et du travail. La vie ne devient pas ennuyeuse. "Veillez et Priez", pouvons-nous lire dans le Nouveau Testament. Nous connaissons la prière mais veiller, observer attentivement, est nouveau. C’est être orienté vers le futur. Quand nous regardons, nous discernons les signes et les merveilles de la plénitude de la vie, nous saisissons les chances de la justice du royaume. Nous prions pour ainsi dire « les yeux grands ouverts ».
Espérer est une attente passionnée, c’est saisir les chances et les opportunités de plénitude de la vie et du royaume, pour la beauté et la justice. Il n'y a rien de plus excitant qu'une histoire de vie vécue selon ces attentes de Dieu. Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? Qu'est-ce que Dieu nous dit à travers les événements de la journée ? Nos ancêtres, hommes et femmes, ont écouté et ils sont allés à la rencontre de leur chance. Il y a toujours des signes et des miracles.
Rappelez-vous 1989, quand une révolution pacifique du peuple uni a réunifié l'Allemagne, souvenez-vous de 1993, lorsque Nelson Mandela et Willem de Klerk ont changé pacifiquement l'Afrique du Sud en une démocratie vivante pour tout le peuple. Parfois nous avons des oreilles, mais nous n'écoutons pas ; des yeux, mais nous ne voyons pas.
Cependant, nous pouvons entendre la promesse qui nous invite et voir la promesse réalisée : « Seigneur, quand t'avons-nous vu comme émigré, et aussi malade du sida, affamé et assoiffé ? » devrons-nous confesser, un jour. Le fils de l'homme, négligé, est parmi nous.
Celui qui croit au « Dieu vivant » voit le monde, non seulement selon la réalité - les soi-disant réalistes le font aussi et sont toujours en retard -, mais aussi selon des possibilités. « Tout est possible à celui qui croit », parce que « tout est possible avec Dieu ». Toute réalité est une possibilité réalisée. La possibilité vient en premier, la réalité vient après. Par conséquent, la possibilité est plus grande que la réalité. Pendant longtemps, les historiens ont raconté l'histoire comme si tout était un destin. Mais nous voyons bien maintenant que la Première Guerre mondiale, la « catastrophe originelle européenne » n’aurait pas dû avoir lieu, s'il y avait d'autres possibilités.
C'est notre tâche de discerner les opportunités pour la paix et de les réaliser. Il n'y a pas de destin ni de fatalité dans l'histoire, seulement une responsabilité. Devenir des chercheurs de possibilités, trouver les opportunités de la vie et refuser les opportunités de la mort. Dans le cockpit d'un avion, j'ai trouvé cette notice pratique : « Pensez-y avant de prendre l'avion ».
Être éveillé signifie non seulement découvrir des possibilités objectives de plénitude de vie, mais aussi utiliser son imagination, pour inventer de nouvelles possibilités et concevoir de nouveaux projets. Pour tous nos intérêts, nous utilisons notre imagination pour les réaliser si possible. Pourquoi ne pas utiliser notre imagination pour les affaires publiques, pour le royaume et la justice de Dieu pour tous et pour la plénitude de la vie et la beauté vivante ? Il n’est nullement besoin d’être prophète pour cela.
Dans mes jeunes années, j'ai lu le livre d'Alan Paton, Cry, My Beloved Country (Pleure, Ô pays bien-aimé) (…). Pendant des années, nous avons entendu à plusieurs reprises et partout l'accusation selon laquelle le fossé social entre les riches et les pauvres se creuse. La démocratie exige non seulement la liberté, mais aussi l'égalité. Le déséquilibre entre liberté et équité est devenu une menace pour la vie, mais l'alternative à la pauvreté n'est pas la propriété : l'alternative à la pauvreté et à la propriété est la « communauté ». Par « communauté », nous entendons ici la solidarité rendue visible, ainsi que l'unité intérieure de la société dans l'équilibre et la liberté sociale. Ce n'est pas un match de football qui unit une société, aussi excitant soit-il, c'est la justice sociale qui crée une paix durable. C'est la «communauté bien-aimée » de M. Luther King.
Dans toute fin - il y a un commencement.
Jeunes gens et jeunes femmes, qu’advienne votre espoir :
Nous avons tellement d'espoir malade et mourant autour de nous. Il y a la démission. Il y a l'arrogance des puissants et il y a l'apathie de l'impuissance. Abandonnez l'arrogance et apprenez à écouter les autres. Sortez de l'apathie, relevez la tête et faites entendre votre voix.
Sortez de l'indifférence et engagez-vous. La vie est si belle (…)
** Discours prononcé par le célèbre professeur de dogmatique et d’éthique de Tübingen, Jürgen Moltmann, aujourd’hui l’un des plus grands théologiens vivants, à l'occasion de la célébration de son Doctorat Honoris Causa et de la remise des diplômes de l'Université réformée de Pretoria, Afrique du Sud, le 6 avril 2017, Cf. HTS, Herv. teol. stud. vol.73 n.1 Pretoria, 2017.
Trad. David Gonzalez, 2019.
Cf. en français, De commencements en recommencements - Une dynamique d’espérance, Éditions Empreinte, 2014.
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