Superstar du rap, designer de mode, mari de Kim Kardashian et supporter de Donald Trump, Kanye West ressuscite le « gospel-rap » – un savoureux mélange des deux genres – avec la sortie de son album et du documentaire éponyme, Jesus Is King.
L’album a été écouté plus de 38 millions de fois sur Spotify en même pas 12h, un record dans l’histoire de la plate-forme. « Utilise ce gospel comme protection / Le chemin est long vers le ciel », chante Kaynie West dans Use This Gospel, accompagné du saxophoniste Kenny G. L’histoire d’un homme sauvé par la religion. Cela pourrait être célébré…
Mais ce n’est rien de dire que le controversé Kanye West « divise la communauté » (des églises protestantes noires américaines). L’homme est aussi connu pour son ego démesuré que pour ses provocations politiques. Sa musique, qualifiée de «géniale» par ses collègues artistes du rap, semble l’avoir fait évolué, disent-ils. Et atténué sa prédisposition de gangster (au « gangsta-rap ») au profit d'observations « plus réfléchies sur la famille, la sexualité, la religion, l'éducation, les préjugés et la richesse»…
Les deux projets sont arrivés après des mois durant lesquels Kanye West a parcouru les États-Unis avec sa tournée de SunDay Service (culte protestant du dimanche). Il affirme dorénavant : « Je ne suis pas ici pour votre divertissement. Nous sommes ici pour répandre l'évangile » et, selon ses proches, n'enregistrerait plus de musique profane.
Son épouse, Kim Kardashian West, décrit ces « événements » (cultes-évènements promotionnels – les Sunday Service) accessibles uniquement sur invitation, comme un « ministère musical » comportant une refonte totale du répertoire de West, basée sur la religion. Pour ceux qui ne figuraient pas sur la liste des invités, le Sunday Service était diffusé sur le compte Instagram de Kardashian West.
« Il n’y a pas de prière, pas de sermon. Il n’y a pas de mot, a déclaré Kim avec fierté à Jimmy Kimmel. C'est juste de la musique et c'est juste un sentiment. »
Avec cet album, la religion que Kanye West épouse est « à l’image d’une génération qui est moins attachée aux institutions, mais plus à une notion de spiritualité individuelle », souligne le spécialiste des religions, M. Sorett pour l’AFP.
La vocation de Kanye a fait l’objet de plusieurs critiques, certains n’y voyant pas plus qu’un coup de com et l’occasion de vendre des sweatshirts à 200 dollars lors de ses concerts dominicaux. Mais pour d’autres observateurs, la poussée de foi dont témoigne l’artiste serait profondément liée à ses tumultes récents, de ses échauffourées avec les tabloïds à son initiation à la politique, en passant par son combat personnel contre la bipolarité, dont il a annoncé souffrir » (Paris Match).
Cela va au-delà de Kanye bien sûr. Il y a aussi Justin Bieber.
« Que vous soyez d’accord, en désaccord ou simplement indifférent à son point de vue, il y a quelque chose de puissant et de merveilleux à ce que quelqu'un sorte de sa réserve et s’enracine dans sa foi. Le christianisme moderne fait son retour dans la culture pop et influence la société. Et cela devrait être célébré. De plus en plus de musiciens chantent ouvertement leur foi, c’est non seulement quelque chose de rare, mais d’excitant », souligne Jessica Evans (The Independant, 30.10.19).
« Pendant trop longtemps, beaucoup d'églises ont été silencieuses, fatiguées, impitoyables, à sermonner et à s’auto-justifier, mais je vois ici un homme dont la vie a été bouleversée par sa foi et qui veut partager cela avec le monde. Et pour ça, je ferai tout le chemin avec lui ».
David Gonzalez
David Gonzalez est l'auteur de quatre anthologies de méditations aux éditions Empreinte qui viennent de paraître.
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